Vous êtes ici : Accueil > Innovation-R&D > Bulletins techniques > Bulletins Cultures (dont BSV) > Solag (sol et agronomie) > SOLAG - Les crédits carbone en grandes cultures

SOLAG - Les crédits carbone en grandes cultures

Accéder aux flux rss de notre siteImprimer la page

Le carbone, de quoi parle-t-on ?

Nommé C en chimie, le carbone est un élément essentiel à toutes formes de vie. Dans la nature, il existe deux formes de carbone :

  • Le carbone organique, constituant essentiel de la matière organique, il intervient dans la construction des tissus des organismes vivants.
  • Le carbone inorganique qui se présente sous forme de gaz : dioxyde de carbone (C02), méthane (CH4) ou est contenu dans les roches (carbonate de calcium - CaCO3).

Le cycle du carbone

Champions du stockage : les roches sédimentaires et les masses d'eau océaniques dont le réservoir est respectivement estimé à 50 000 et 39 000 gigatonnes de carbone. 

Il existe des échanges entre les compartiments, notamment entre la terre/ la mer et l’atmosphère. Les flux naturels sont rapides pour les échanges entre l’atmosphère et la biosphère (matière organique des sols, plante et animaux). Ils sont lents concernant les échanges de l’atmosphère avec les roches sédimentaire ou les profondeurs des océans.

Aux flux naturels s’ajoutent des flux anthropiques liés à l’activité humaine. Cela accélère les échanges vers l’atmosphère notamment par le déstockage de carbone fossile (pétrole, gaz, …). L’accélération des flux émis vers l’atmosphère s’intensifie aussi par les plantes et les animaux ainsi que les sols. Même si les sols et les océans stockent du carbone à hauteur de 4,5 milliards de T par an, l’excèdent de flux annuel de carbone émis dans l’atmosphère est estimé à 3,5 milliards de tonnes, ce qui crée un déséquilibre sur la planète.

Quels sont les gaz à effet de serre ?

Les principaux gaz à effet de serre (GES) sont présents naturellement dans l’atmosphère, ils ont comme propriété de retenir les rayons du soleil permettent une température tempérée sur terre (15°C) celle-ci serait à -18 °C sans ces gaz.

Ces GES sont le dioxyde de carbone CO2, le méthane CH4, le protoxyde d’azote N2O ainsi que la vapeur d’eau H2O et l’ozone O3. A ces gaz s’ajoutent les gaz fluorés non présents naturellement dans l’atmosphère.

Ils sont comparés selon leur pouvoir réchauffant. Ainsi, 1t de N2O est équivalent à 265 t de CO2 et 1 t de CH4 à 30 t de CO2. Même si dans l’atmosphère, le protoxyde d’azote et les CH4 sont présents en faible quantité, leur pouvoir réchauffant en équivalent CO2 est important. Ce sont les flux d’émission excessifs de ces gaz qui provoquent l’augmentation des températures.  

Lorsqu’on parle de carbone d’une manière générale, on considère que les trois principaux GES sont le CO2, le N2O et le CH4.

Pourquoi s’intéresser au cycle du carbone en agriculture ?

Sur une exploitation agricole, le cycle du carbone est "rapide". On peut donc identifier les pratiques agricoles stockantes et émettrices pour construire des plans d’action afin de maximiser le stockage et minimiser les émissions.


Constat du réchauffement climatique

Le 6e rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) le confirme, l’activité humaine est la cause principale de l’accélération du réchauffement climatique notamment depuis le milieu du 19e siècle (industrialisation). Les activités humaines libèrent maintenant plus de carbone que les océans.  

Du plus optimiste (en bleu) au plus pessimiste (en rouge), l’évolution des températures se poursuit de façon tendancielle avec une inertie climatique d’une 30aine d’années et les écarts se creusent à partir de 2050 selon les scénarios d’évolution.

Actuellement, les climatologues ont observé une hausse de +0,8 °C depuis 1890 et envisagent une hausse supplémentaire des températures comprise entre 1 °Cà l’horizon 2050 (2046 à 2065). Elle serait de 1,5 à 2 °C pour les scénarios les plus optimistes et jusqu’à 5 °C à la fin du siècle pour les scénarios pessimistes.

Limiter le réchauffement climatique

A l’international, l’objectif de la COP 21 est de limiter le réchauffement climatique à un niveau bien inférieur à 2°C, de préférence à 1,5 °C, par rapport au niveau préindustriel. Ceci implique d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 soit autant de flux émis vers l’atmosphère que de carbone stocké.

Stocker du carbone additionnel dans les sols

L’agriculture, en lien direct avec son environnement, est l’un des premiers secteurs d’activité touché par l’évolution du climat (sécheresses, inondations, gels…), comme tout secteur d’activité, elle est responsable et peut réduire son impact (réduction des émissions et de la consommation d’énergie) par contre elle est sources de solutions pour la production d’énergies renouvelables et le stockage du carbone. 

L’initiative 4 pour 1 000 dont le rapport a été présenté en 2019 par l’INRAE montre que l’agriculture, et plus particulièrement les grandes cultures, offrent un fort potentiel de stockage de carbone additionnel dans les sols. 

L’objectif de cette initiative est bien d’augmenter le flux de carbone dans les sols donc éviter le déstockage et augmenter le stockage. Le tableau ci-après présente le poids du carbone supplémentaire pouvant être stocké dans les sols en fonction des leviers activés et de la surface disponible actuellement sur le territoire métropolitain. Si l’ensemble des leviers proposés en grandes cultures et prairies temporaires étaient activés sur toutes les surfaces disponibles en France ce serait presque 5 MtC stockés par an ce qui représente 86 % de potentiel de stockage de carbone additionnel estimé par l’étude.

La neutralité carbone

La stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) en France oriente tous les secteurs d’activités vers la transition d’une économie bas-carbone, en s’alignant sur les objectifs de l’Europe : atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

Pour booster les initiatives, la France s’appuie sur différents dispositifs financiers dont le marché du carbone.


Le marché du carbone

Pour vendre du carbone, il faut des acheteurs.

Certaines entreprises, fortes émettrices en CO2, ont des quotas d’émission. Pour atteindre leur quota elles doivent réduire leurs propres émissions. Si ce n’est pas le cas, elles peuvent financer des projets de réductions d’émissions de GES. Il s’agit du marché de conformité. Ces réductions ne peuvent pas être compensés par du stockage.

Même s’il n’entre pas dans le cadre du marché de conformité, le stockage additionnel de carbone lié aux pratiques agricoles peut avoir une valeur.

Il peut intéresser les filières agricoles car les produits vendus ont un faible impact carbone (ex. colza bas carbone). Dans ce cas, l’effort de l’agriculteur est rémunéré lors de la vente du produit par une "prime filière".

D’autres entreprises, qui ne sont pas soumises aux quotas ou qui ont atteint leurs obligations, ont également intérêt à financer des projets de réduction et stockage de carbone agricole pour montrer leur engagement écologique et donc améliorer leur image et leur réputation. Par ces contributions, ils montrent notamment qu’ils participent à l’effort national de neutralité carbone. Bien que volontaire, il est important de proposer aux entreprises des projets certifiés car leur engagement est basé sur la confiance. Pour garantir la qualité environnementale des projets, le ministère de l’Ecologie a créé en France un cadre de certification : le Label Bas Carbone (LBC).

Le Label Bas Carbone, faire reconnaitre son projet c’est possible !

Un projet reconnu par le Label Bas Carbone est un projet Français approuvé par le ministère de la transition agro écologique fixant un cahier des charges permettant de générer et approuver la vente de crédit carbone certifié. C’est donc un gage de confiance pour le financeur.

Pour être éligible, il faut se conformer au cahier des charges LBC en répondant à une méthode spécifique lié à une de ses productions.

Le diagnostic carbone en Grandes cultures

En grandes cultures, la méthode a été validée en 2021. Il est donc possible de réaliser dès aujourd’hui des projets qui seront approuvés par le LBC.

Cela commence par un diagnostic sur l’ensemble de ses pratiques agricoles rattachées à l’atelier végétal.

Pour faire reconnaitre le projet et vendre des crédits carbones dans le cadre du LBC, il faut s’engager sur 5 ans, sur la base d’un plan d’action qui permettra de définir les pratiques à mettre en place pour stocker plus de carbone et réduire les émissions. Le projet peut être porté en individuel ou en collectif.


Le "Bon diagnostic carbone" c’est déjà concret

Dans le cadre du plan de relance, le ministère de l’agriculture offre la possibilité à tous les agriculteurs de réaliser un "Bon diagnostic Carbone", suivi d’un plan d’actions et d’un accompagnement personnalisé pour s’engager dans la transition agro écologique et se mobiliser dans la lutte contre le changement climatique.

Cette action avec une prise en charge de 90 % par l’ADEME est conduite jusqu’à fin mars 2023.

A l’issu du diagnostic et du plan d’action le projet pourra être éligible et suivre les étapes pour être reconnu dans le cadre du Label Bas Carbone. 

Pour les grandes cultures, vous pouvez contactez Alexandre HATET au 06 30 69 24 58 ou par mail à alexandre.hatet@remove-this.pl.chambagri.fr ou vous rapprochez de votre conseiller Chambre d’agriculture Pays de la Loire.

Rédigé par 
Alexandre HATET, conseiller spécialisé en agronomie et productions végétales
Sarah COLOMBIE, consultante Innovation-Climat-Air-Environnement