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SOLAG - S'équiper pour le semis direct - Septembre 2021

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S’équiper pour le semis direct

Le semoir est un élément capital pour une transition réussi vers l’agriculture de conservation des sols. Néanmoins de  nombreux facteurs doivent être réunis avant d’investir dans un semoir.  Il doit avant tout s’adapter à l’itinéraire technique et correspondre aux contextes pédologiques de l’exploitation.


Pourquoi investir dans l’achat d’un semoir de semis direct ?

"Parce que c’est un matériel innovant qui va me permettre de passer en agriculture de conservation des sols et réaliser du semis direct ?". C’est souvent la première réponse mais il peut être important de prendre quelques minutes pour se poser les bonnes questions avant de se lancer.

La transition vers le semis direct ne repose pas que sur l’achat d’un semoir spécifique au semis direct mais sur une accumulation d’expériences personnelles et sur l’identification des prérequis nécessaires pour une transition réussie. En agriculture de conservation, le sol est placé au cœur du système. On vise une maximisation de la fertilité du sol en s’appuyant sur :

  • La fertilité chimique du sol 
  • La fertilité biologique du sol 
  • La fertilité physique du sol

La première étape de la transition vers l’agriculture de conservation ne repose pas sur le matériel mais sur l’observation de ses sols et la réalisation d’un diagnostic. Cette étape préliminaire permet d’éliminer les facteurs limitants et d’intégrer l’approche système qui inclut la réduction du travail du sol via le semis direct mais aussi et surtout les rotations et les couverts végétaux.

 


Matériels de semis direct

Le semoir devra répondre avant tout aux particularités de votre système. Il est capital que le semoir s’adapte au système et non l’inverse. Il existe une diversité importante sur le marché avec des caractéristiques différentes. Les principaux critères à prendre en compte sont : 

  • Le type d’éléments semeur (dent, disque…)
  • Le nombre de cuves (taille de graines différentes, engrais localisé, anti limace…)
  • La fermeture du sillon

Nous nous attarderons sur les différents types d’éléments semeur. On peut les dissocier en deux grandes familles : les semoirs à dents ou les semoirs à disques.

Semoirs à dents

Ils séduisent par leur simplicité, leur facilité d’entretien et leur qualité de travail : bonne pénétration, positionnement de la graine. Le travail sur la ligne de semis stimule la minéralisation et donc la disponibilité en phosphore et azote lors de l’implantation des cultures (notamment pour les semis de couverts d’été en bonnes conditions). Néanmoins ce travail favorise la mise en germination des adventices et les risques de bourrage en présence de débris végétaux ou couverts abondants ayant tendance à s’emmêler autour du soc. Il est conseillé de privilégier les espèces à ports dressés.

POINTS FORTSPOINTS FAIBLES
 
  • Meilleure pénétration en condition sèche
  • Semoir plus léger avec un besoin de traction plus faible
  • Crée une structure artificielle autour de la graine favorable à sa germination
 
 
  • Favorise la levée d’adventices
  • Risque de bourrage plus important
  • Nécessite d’adapter le choix des espèces des couverts (port dressé).
  • Ressort les pierres
 


Souvent utilisés pour débuter dans le semis direct, ils font actuellement un grand retour dans des systèmes avancés pour implanter des couverts végétaux dans des pailles ou chaumes grâce à une meilleure qualité d’implantation dans ces conditions.

Semoirs à disques

Ils se déclinent en plusieurs familles en fonction du nombre de disque et de son inclinaison.

Ils présentent deux gros avantages que sont leurs facilités de travailler dans des couverts développés et un moindre bouleversement du sol limitant la levée d’adventices. Néanmoins le semis dans des pailles peut être compliqué.

La paille peut être pincée dans le sillon pénalisant le positionnement de la graine et le contact sol/graine (voir schéma ci-contre).

POINTS FORTSPOINTS FAIBLES
 
  • Meilleur maitrise de la profondeur
  • Semis dans couverts développés
  • Régularité de semis
  • Faible perturbation du sol
  • Limite la mise en germination d’adventices
  • Polyvalent
 
 
  • Risque de poinçonnage des pailles
  • Besoin de traction plus élevée
  • Condition extrême (sèche/humide)
  • Attention aux réglages : risque de tassement autour de la graine
  • Minéralisation faible sur la ligne de semis
  • Prix plus élevé
 


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Vers une transition sécurisée

Vous avez un déchaumeur type chisel ? Une trémie de semoir à céréales peut-être cachée au fond de votre hangar ? Ressortez-les, associez-les et vous aurez créé votre propre semoir de semis direct à faible coût.

Une modification du déchaumeur est indispensable puisqu’il va falloir l’équiper de dents spécifiques permettant de semer sans perturber le sol : dents fines sans attaque du sol permettant l’ouverture sur quelques centimètres. Ainsi que de descentes reliées à la trémie afin de permettre un semis juste derrière la dent. 

L’autoconstruction : c’est une façon de se lancer dans le semis direct de façon plus sereine et surtout avec un coût matériel n’excédant pas 20 000 €. Attention tout de même à engager une phase de réflexion en amont visant à identifier vos besoins en terme de mécanisation, polyvalence, disponibilité de matériel à moindre de coût. Il est parfois plus judicieux d’investir dans un semoir correspondant à ses attentes et apportant plus de polyvalence que de dépenser de l’énergie dans un semoir autoconstruit dont les limites seront vites atteintes. 

Bien souvent, ce type de semoir est fabriqué pour implanter des couverts végétaux à moindre coût tout en respectant une bonne qualité d’implantation (sans assécher le sol) et donc synonyme de réussite de levée des couverts. C’est un bon moyen de se faire la main et de faire sa propre expérience face au semis direct.

Fort de ses expériences, il est ensuite possible d’intégrer ce type de semis aux cultures d’automne/méteils/dérobées.

L’idée est bien de créer des étapes de façon à corriger, valider, modifier ses objectifs liés à l’implantation d’une culture en direct. Ces étapes semblent primordiales pour prendre la bonne direction et ne pas faire de mauvais choix.

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Semis direct : "J’ai construit mon semoir"

Au cœur de la Sarthe, Philippe DUTERTRE, exploitant à Chémiré le Gaudin, nous présente son semoir auto-construit.

"Installé depuis 1997, j’exploite 112 ha de céréales, oléagineux et 43 ha de prairies. Mon exploitation est composée d’1 UTH et comprend un atelier bovin allaitant de 25 mères avec vente directe. Mon objectif est de mettre le sol au centre de mes préoccupations, tout en ayant un système simple à gérer et peu gourmand en temps."

Philippe met en place un système pour tendre vers l’agriculture de conservation : couverture maximale des sols, diversification des cultures et réduction du travail du sol.

"J’ai toujours en moi cette envie d’adapter ou de donner une seconde jeunesse à mon matériel. Un projet me trottait en tête : me lancer dans la construction d’un semoir à dents spécifique au semis direct, ayant un maximum de polyvalence. Il m’a fallu environ 6 mois de réflexion, d’atelier et de test pour sortir ce nouveau semoir".

L’exploitant a fait le choix de se lancer vers ce type de semoir pour permettre un meilleur contact terre/graine lors des semis de couvert dans les résidus de paille.

Un jeu de récupération et d’assemblage

"De la patience, un poste à souder et une meuleuse m’ont permis d’assembler deux vieux outils stockés sous mon hangar depuis des années : un semoir à céréales et un canadien. Des tubes de salle de traite m’ont servi de descente pour le positionnement des graines.

Seul l’achat de socs étroits adaptables aux dents queues de cochon, des tuyaux flexibles pour les descentes, et des pignons pour l’entrainement du semoir ont été achetés. Tous les autres éléments (fixations, roues de réglage,…) proviennent de mon exploitation ou ont été créés de toute pièce".

Moins de 2 000 € de matériel pour ce semoir SD

"L'objectif de départ était de minimiser les dépenses, d’avoir un matériel passe partout et maniable" affirme Philippe.

Le semoir mesure 3 m comprenant 15 dents avec un écartement de 20 cm. Un tracteur de 100 ch suffit. La vitesse de travail varie entre 5 et 8 km/h pour une consommation d’environ 6l/ha.

Des essais concluants

La première phase de test a commencé ce printemps par un semis de méteil. Celle-ci a confirmé le bon fonctionnement du semoir et a permis de paramétrer l’outil pour les semis à venir.

Avide de nouvelle création, Philippe ne compte pas en rester là. Conscient que son semoir ne demande qu’à évoluer, il réfléchit aujourd’hui à l’équiper d’une trémie frontale, d’une double trémie et d’un système permettant la localisation de l’engrais.

POINTS POSITIFSPOINTS NÉGATIFS
 
  • Polyvalence
  • Plus de fenêtre d’intervention au champ
  • Très bon contact terre/graine
  • Création de terre fine sur la ligne de semis
  • Semis des couverts dans les pailles
  • Puissance de traction
 
 
  • Sol plan car la dent est fixe sur le châssis
  • Faible autonomie (semence)
  • Réglages 
  • Le déport nécessite un bon attelage
  • Besoin de rouler après semis 
 


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Exemple d’une formule gagnante : réussir l’implantation de ses couverts végétaux en réduisant les coûts d’implantations

Agrotranfert met à disposition quelques résultats d’agriculteurs enquêtés (figure 1). Parmi ses agriculteurs, plusieurs sont concernés par l’implantation d’un couvert via un semoir autoconstruit. L’observation sur l’ensemble des semoirs fait maison (semoir 1 à 4) montre un gain de temps à l’implantation allant de 17 à 84 min/ha et un gain économique (hors amortissement) lié au carburant et aux pièces d’usures allant de 9 à 35€/ha par rapport aux pratiques initiales faisant intervenir plusieurs passages d’outils. Attention le temps ne  prend pas en compte le temps de construction du semoir. 

 Les points de vigilances et intérêts cités par les agriculteurs utilisant un semoir-autoconstruit pour le semis du couvert :  

  • Demande un temps de réalisation de plusieurs mois
  • Etre formé à la soudure 
  • Nécessité de rouler pour refermer le sillon
  • Pas adapté aux cultures de printemps
  • Permet de semer dans des pailles
  • Polyvalence de l’outil (tous types de sol)
  • Faible coût de l’outil
  • Entretien faible
  • Réglage simple
  • Traction réduite.

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A retenir

  • Le semoir n’est pas la 1re étape pour transiter vers l’agriculture de conservation des sols
  • Il est important de s’assurer que ses sols soient prêts à ces techniques
  • Le semoir doit s’adapter au système et aux sols et pas l’inverse
  • 2 types de semoirs
    • Dents : meilleure pénétration en condition sèche et plus léger, besoin de traction plus faible
    • Disques : semis dans des couverts développés, faible perturbation du sol, meilleure maîtrise de la profondeur et polyvalence
  • Auto-construction, achat, se laisser du temps pour la réflexion


Fiche technique AgroTransfert

Guide Magellan - p. 100-104

Se former : investir ou autoconstruire ?

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