Sans les agriculteurs, la campagne serait très différente. Élaguées, taillées, nettoyées, les haies coupent le vent, apportent de l’ombre au bétail et abritent une riche biodiversité. Leurs racines mieux ancrées au sol contribuent aussi à lutter contre l’érosion. Certains sèment des couverts mellifères au printemps pour nourrir les abeilles l’été.
La couleur des plastiques d’enrubannage des bottes de fourrage correspond à une cause : le rose contre le cancer du sein, le bleu contre le cancer de la prostate, le jaune contre le cancer des enfants. Un centime par botte est reversé. Des surplus de lait sont régulièrement donnés aux Restos du coeur.
La crise de la vache folle a conduit à mettre en place une traçabilité sans faille : avec le bouclage, chaque bête est suivie de sa naissance à sa mort sur un répertoire national. Élevage, abattoir, découpe, sont également identifiés. La profession s’astreint aussi à un recyclage strict de ses déchets et à réduire au maximum ses consommations et ses rejets.
Détecteurs de chaleur, podomètres, salle de traite… Ces dispositifs connectés permettent de suivre la santé de chaque vache et d’adapter son alimentation. Mais il peut aussi s’agir de nouvelles cultures – mélanges d’espèces pour une nourriture plus riche, betterave fourragère pour l’apport en sucre qui augmente la matière grasse du lait – ou de médecines douces comme l’acupuncture ou l’ostéopathie pour limiter le recours aux antibiotiques.
Tous les animaux ont une odeur plus ou moins forte qui se diffuse en fonction des vents et de la topographie. Les systèmes de lavage de l’air qui sort des bâtiments captent les poussières, les bactéries, l’ammoniac et donc les odeurs. Souvent, les fosses de lisier sont couvertes. Planter des fleurs et des haies permet aussi d’atténuer la perception.
Pesée automatique (volailles), alimentation automatique pucée (volailles et porcs), régulation d’ambiance (température, lumière, hygrométrie…), robots de nettoyage… Avec l’automatisation, l’éleveur passe plus de temps auprès des animaux et prévient mieux les problèmes : plus de proximité, de confiance réciproque et de confort.
Fientes, fumiers, lisiers, sont des ressources naturelles qui permettent de fertiliser les champs et de réduire le recours aux engrais chimiques. Elles sont généralement stockées pour être épandues quand la plante en a le plus besoin. Très prisés en cultures et en prairies, les effluents peuvent être envoyés en station de compostage ou méthanisés pour produire de l’énergie.
Face aux enjeux économiques et environnementaux, les agriculteurs deviennent des experts de haut niveau qui utilisent des technologies de pointe. Ils sont amenés à suivre régulièrement des formations sur la conservation des sols, la conduite des fongicides, l’irrigation, les alternatives aux produits phytosanitaires…
Fournir une nourriture saine aux humains comme aux animaux implique de surveiller les champignons et les insectes qui altèrent les rendements, de repérer et éliminer les plantes invasives comme le datura (très toxique) ou l’ambroisie (allergène)… La qualité sanitaire s’atteint au travers de pratiques rigoureuses sur l’ensemble du cycle de production – choix des variétés, désherbage, fongicides, insecticides, irrigation…
Sous serre, il y a moins de ravageurs et de lessivage, on peut donc limiter les apports : moitié moins d’eau et jusqu’à 80 % d’intrants en moins. L’univers clos de la serre est aussi bien adapté aux auxiliaires de culture : insectes prédateurs des ravageurs, bourdons pour la pollinisation, plantes de service…
Le maraîcher peut produire en plein champ, en utilisant parfois de petits tunnels (chenilles) en plastique. Il peut étendre ses créneaux en pleine terre avec des serres froides. Ou produire hors sol, la serre pouvant alors être en verre et chauffée pour étendre la saisonnalité. La serre est destinée en priorité aux cultures fragiles : tomates, concombres.
Étymologiquement, maraîchage vient de marais : il faut de l’eau pour cultiver des légumes composés de 85 à 95 % d’eau. En production hors sol sous serre, les maraîchers n’apportent à la plante que le strict nécessaire en goutte-à-goutte, le surplus est collecté et réutilisé sans aucune perte. Au-delà, le maraîcher s’appuie sur son expérience et la connaissance de son terrain. Il peut aussi conforter ses décisions d’irrigation avec des carottages ou des sondes reliées à son ordinateur.
Sans les vignerons et les couleurs changeantes du paysage viticole, la campagne serait très différente. En bordure de parcelles, ils entretiennent les haies qui coupent le vent, contribuent à lutter contre l’érosion et abritent une riche biodiversité qui favorise le développement d’auxiliaires de culture.
Au XIXe siècle, le greffage des cépages nobles sur des pieds résistants au phylloxera qui détruisait le vignoble européen a apporté une réponse naturelle à une redoutable crise. Le choix du porte-greffe est aujourd’hui un aspect essentiel de la conduite de la vigne, notamment pour l’aider à résister aux aléas climatiques.
Les vignerons améliorent sans cesse leurs pratiques. Ils sèment des couverts végétaux dans l’interrang pour favoriser la vie du sol et mieux stocker le carbone. Ils pratiquent la pulvérisation antidérive ou confinée avec des panneaux entourant la vigne pour récupérer en moyenne 50 % du produit appliqué. Ils participent à des expérimentations de ruches connectées pour comprendre et favoriser le comportement des abeilles en milieu viticole…
La conduite d’une haie dépend du type d’activité de l’exploitation. Pour l’élevage, planter des arbres dans les parcelles permet de créer de l’ombre, de protéger du vent et de favoriser le bien-être animal. Pour les cultures, la haie permet d’attirer les insectes auxiliaires : l’agroforesterie intraparcellaire peut renforcer cette lutte biologique, réduire les besoins en produits phytosanitaires et atténuer les effets du climat.
Réservoir de biodiversité qui accueille insectes, oiseaux, mammifères, la haie crée des ombrages pour le bétail, enrichit le sol, limite le ruissellement, maintient le paysage et se valorise ! Entretenue par les agriculteurs, elle rend l’exploitation plus résiliente face aux évolutions du climat, mais son intérêt est commun autant qu’individuel.
Connue depuis des millénaires, la conduite en têtard consiste à couper les branches au ras du tronc qui s’épaissit. Les rejets se multiplient au sommet, protégés du bétail, et produisent du bois d’oeuvre et de chauffage. Le tronc massif plein d’aspérités est un refuge pour la faune et la tête touffue accueille oiseaux et insectes.
Dix kilomètres de haies stockent quinze tonnes de carbone : l’équivalent des émissions de sept véhicules légers pendant un an. Dans le cadre du label bas carbone haies, assorti d’un plan de gestion, ce stockage est contrôlé et valorisé : les entreprises volontaires peuvent acheter des crédits carbone au titre de leur stratégie RSE, de mécénat ou de la compensation de leurs émissions de gaz à effet de serre.