En élevage bio, l’alimentation des bovins doit être bio, les fourrages également, les vaches doivent aller au pré un minimum de jours dans l’année… Ces obligations, le cahier des charges plus contraignant, les risques sanitaires, les fourrages plus limités en été et les rendements inférieurs ont un coût, ce qui renchérit le prix des produits bios. Or, la demande n’est pas toujours adaptée. Les agriculteurs répondent donc dans la mesure du possible aux choix des consommateurs.
Travailler avec des animaux crée bien sûr une grande proximité. Chaque vache a son caractère, souvent un nom et parfois une certaine complicité avec l’éleveur. Il y a donc souvent un certain pincement au coeur de les voir partir… Mais le métier de l'éleveur, dont il tire son revenu, est de produire de la viande destinée à l'alimentation des populations.
Contrairement ce que l’on trouve dans d’autres pays européens, les élevages français conservent une taille humaine adaptée au nombre de personnes qui travaillent sur l’exploitation. Il s’agit généralement d’exploitations familiales qui pratiquent un élevage extensif.
Avec des troupeaux de 100 à 200 vaches, on est donc très loin des méga fermes de plus de 1 000 têtes et a fortiori des immenses feedlots* nord-américains de 100 000 à 150 000 animaux.
* Parc d'engraissement
Il se construit au quotidien, en s’assurant de l’espace accordé à chaque animal, en veillant qu’ils ne se blessent pas, qu’ils sont toujours propres et en bonne santé… Les vaches restent le plus longtemps possible au pré où l’on vérifie qu’elles disposent d’eau et d’ombre en cas de forte chaleur. La salle de traite est parfois équipée d’un brumisateur.
Des animaux calmes, qui n’ont pas peur, témoignent d’un élevage serein.
Vouloir remplacer l’élevage bovin par une production équivalente de protéines végétales, c’est oublier qu’en allant paître dans des zones non cultivables, les vaches entretiennent le paysage et fertilisent le sol avec leurs bouses. Et que la production intensive de soja – qu’il faudrait irriguer et traiter – contribuerait à étendre et uniformiser les cultures, à supprimer des haies et donc à réduire la biodiversité ainsi que le stockage du carbone. Sans compter que les protéines végétales sont dépourvues du fer héminique - très biodisponible et exclusivement d'origine animale - dont l'homme a besoin.
En élevage bio, les cahiers des charges multiplient les exigences, notamment une nourriture totalement bio elle aussi, une surface minimum par animal, un accès extérieur – une “mise sur parcours” pour les volailles, une courette pour les porcs –, une durée d’élevage plus longue… Toutes ces obligations ont un coût qui renchérit sensiblement le prix des produits bios. Or, la demande n’est pas toujours adaptée et beaucoup de consommateurs ne sont pas prêts à payer cette différence.
Il ne s’agit pas de fumées mais de la condensation liée aux écarts de température entre l’intérieur et l’extérieur des bâtiments en hiver. En début de lot, les poussins ont besoin de 30 à 35 degrés et les porcelets de 32 degrés. La température est ensuite progressivement abaissée à mesure que les animaux grandissent. Ces vapeurs sont totalement inodores.
Il y a une mortalité naturelle dans les élevages et les animaux morts sont placés dans les bacs à équarrissage. Ceux-ci se présentent sous la forme de bacs sur roulettes rangés sur une plate-forme en béton afin de faciliter le nettoyage et peuvent ponctuellement générer des odeurs. Ils sont généralement situés loin des bâtiments d’élevage et au bord des voies d’accès pour que les camions puissent les embarquer facilement.
L’élevage en plein air et l’élevage en bâtiment sont des productions complémentaires qui répondent à des modèles et des objectifs différents. Certaines races de volailles ne sont par exemple pas faites pour vivre dehors. Les porcs trouvent en bâtiment la température dont ils ont besoin et un confort global – systèmes de cooling en été pour humidifier et rafraîchir l’air, chauffage en hiver… – qu’ils ne peuvent avoir dehors. En extérieur, ils doivent aussi manger plus pour se réchauffer. Ils risquent également d’y prendre des coups de soleil en été du fait de leur peau très fragile.
Travailler quotidiennement avec des porcs ou des volailles crée bien sûr une certaine proximité, mais il ne s’agit pas d’animaux domestiques ! C’est le métier des éleveurs, leur gagne-pain et ils travaillent pour nourrir la population. Même si un poussin est adorable et que ça peut être un pincement de voir partir les animaux, la finalité de leur travail, c’est l’alimentation et ils en sont très fiers.
Le dérèglement climatique fait alterner pluies abondantes et longues sécheresses. Stocker les excédents de pluie de l’hiver et du printemps permet de les restituer lorsque la plante en a besoin et que le sol fait office d’éponge, ce qui limite le ruissellement. Le stockage permet aussi de ne pas puiser à l’excès dans les nappes phréatiques et de satisfaire d’autres usages – l’arrosage des parcs ou des terrains de sport, services d’incendie.
La conduite en bio implique un système complet avec notamment un mélange de cultures et un désherbage mécanique
ou manuel. Ces contraintes, les risques sanitaires et les rendements limités ont un coût, ce qui renchérit le prix des produits bios. Or, la demande n’est pas toujours adaptée. Les agriculteurs répondent donc dans la mesure du possible aux choix des consommateurs.
Beaucoup d’eau, additionnée à moins de 1 % selon les besoins de phytosanitaires (fongicides, insecticides, herbicides), d’oligo-éléments en microdoses (cuivre, zinc, manganèse, bore) pour aider le démarrage ou le fleurissement, d’engrais minéraux (azote, potassium, phosphore), ou de substances de biocontrôle à base de produits naturels pour renforcer les défenses immunitaires… Les pulvérisations se font dans des conditions précises (vent, température, hygrométrie) souvent réunies la nuit.
Le fumier (forme solide qui mélange paille et litière) a un effet plus organique, le lisier (liquide, composé de déjections animales, d’eaux de lavage des salles de traite) qui a un effet plus fertilisant, les boues de méthanisation ou d’épuration, fertilisent les sols. L’épandage de matières organiques ne présente aucun danger pour l’homme et les agriculteurs limitent les odeurs désagréables d’ammoniaque et d’azote en retournant rapidement les sols.
Blé, orge et colza arrivent à maturité en juillet. On a deux semaines pour récolter de grandes surfaces, avec un taux d’humidité inférieur à 15 % pour stocker les céréales en toute sécurité. On récolte à partir de 10 h ou 11 h le matin et jusqu’à 1 h ou 2 h la nuit, surtout si la météo annonce de la pluie. En cas de canicule, des arrêtés peuvent imposer la récolte de nuit pour éviter les incendies.
Le glanage dans les champs est un droit ancestral attesté depuis 1554 par un décret du roi Henri II qui n’a jamais été abrogé ! Il ne peut toutefois être fait qu’après la récolte – sinon c’est du vol ! –, impérativement entre lever et coucher du soleil et reste totalement interdit sur un terrain clôturé. Il est toujours préférable de demander la permission au propriétaire du champ.
La récolte des légumes se fait généralement tôt le matin, à la fraîche, ce qui peut générer des bruits de tracteurs ou de chargement. Les traitements peuvent également être effectués la nuit, pour profiter des meilleures conditions de température, de vent et d’hygrométrie. C’est là que la plante est la plus réceptive, ce qui permet de limiter le nombre d’applications.
Il s’agit d’éviter un rayonnement trop intense du soleil sur les cultures en été, d’abaisser la température et de réduire la consommation d’eau. Les maraîchers commencent à blanchir en avril et ajoutent au fil des mois de nouvelles couches de craie additionnée d’un liant qui la fixe aux parois. Elle est projetée par hélicoptère, à la lance pour les plus petites surfaces ou près des habitations, et même aujourd’hui au drone. Les verres sont nettoyés en fin de saison.
Il peut s’agir de phytosanitaires de synthèse, de produits de biocontrôle ou de fertilisants pour protéger la plante et l’aider à se renforcer, voire des extraits à base de micro-organismes, d’auxiliaires de culture. Des engrais foliaires de synthèse ou organiques peuvent aussi être appliqués en microdosage. Selon les cas, ces traitements sont effectués par des tracteurs équipés de rampes ou par pulvérisateur porté sur le dos avec une lance. Des applis se développent aujourd’hui pour prévenir les riverains des probabilités de traitements.
La fumée qui s’échappe parfois des serres est liée à la cogénération au gaz naturel : elle valorise, pour le chauffage des serres, la chaleur des moteurs qui produisent de l’électricité et de leurs gaz d’échappement. Avec ce procédé, comme avec la méthanisation, les panneaux ou les films photovoltaïques, les maraîchers sont donc producteurs d’énergie, avec un excellent rendement.
Le raisin est un fruit particulièrement fragile, aussi sensible au mildiou et à l’oïdium que la tomate du potager. Les traitements sont donc indispensables mais les vignerons utilisent de nombreux outils d’aide à la décision, des doses modulées, des solutions de biocontrôle, pour intervenir le moins possible et de façon plus ciblée. Ils reçoivent des bulletins techniques, surveillent la météo, mettent en commun leurs pratiques dans des réunions « bout de parcelle » et des groupes de progrès.
En matière viticole, le bio crée des contraintes plus ou moins fortes selon les terroirs. Il impose des traitements plus fréquents dans les vignes pour les protéger du mildiou, donc un besoin en main d’oeuvre important, et un travail du sol plus régulier. Au-delà des coûts d’exploitation, les risques de maladies et de pertes de récolte sont réels, et la demande n’est pas toujours adaptée.
Il peut bien sûr s’agir de produits phytosanitaires, mais surtout de molécules ou de produits naturels microdosés : du soufre contre l’oïdium, du cuivre ou de l’écorce d’oranges contre le mildiou, de la chaux ou de l’argile contre les icadelles… Les produits de biocontrôle permettent de limiter le recours aux phytos. Il peut s’agir d’éléments minéraux ou d’huiles essentielles pour booster la vigne. Et parfois de produits plus inattendus comme des huiles répulsives à base de résine de pin pour lutter contre le jaune de la vigne et éloigner les lapins…
Tracteurs, machines à vendanger, tours antigel, matériel de cave… La vigne est une culture complexe et nombre de machines viticoles fonctionnent au gazole. Le matériel électrique commence à arriver… Mais il faut surtout savoir que l’agriculture est la seule activité économique à stocker du carbone. Au-delà des efforts des vignerons pour réduire leur consommation d’énergies fossiles, la vigne et les couverts végétaux jouent, à ce titre, un rôle essentiel.
Les principaux traitements de la vigne se déroulent entre mai et juillet. Pour être pleinement efficaces, ils doivent avoir lieu sans trop d’humidité et à une température d’environ 20 °C. À cette période, c’est la nuit que les conditions sont optimales : il y a moins de vent, moins d’humidité et moins de chaleur, ce qui permet de diminuer sensiblement les doses de traitement. Au printemps, les tours antigel peuvent aussi provoquer des nuisances nocturnes lorsque le risque de gel est élevé.
La récolte du bois se fait beaucoup à la tronçonneuse manuelle mais la tête d’abattage montée au bout du bras d’une pelleteuse – un grappin tient le tronc et sectionne l’arbre – permet de travailler plus vite, et de façon moins pénible et plus sûre. Elle intervient aussi plus facilement sur des chantiers compliqués, en bordure de lignes ou de cours d’eau.
Le savoir-faire s’est perdu depuis cinquante ans et la prise de conscience des vertus de la haie est encore timide. Aujourd’hui, beaucoup d’agriculteurs se réapproprient les enjeux et éapprennent la conduite, l’entretien, la taille, l’exploitation selon l’usage souhaité. Et les Pays de la Loire sont à la pointe dans cette démarche.
L’arbre a besoin d’être entretenu ! Sans entretien, les haies se dégradent, et l’autorégénération est plus lente et moins équilibrée. L’entretien renforce le système racinaire, améliore l’infiltration de l’eau et limite l’impact des averses. Même avec un objectif basique de biodiversité ou de limitation du ruissellement, il faut gérer.
Au moment du choix, il faut considérer trois paramètres. D’abord, l’adaptation aux conditions de sol et de climat, ce qui conduit généralement à privilégier les essences locales. Ensuite, les objectifs de l’agriculteur : souhaite-t-il créer un brise-vent, privilégier la biodiversité ou produire du bois ? Enfin, l’anticipation du changement climatique : certaines essences adaptées aujourd’hui ne le seront peut-être plus demain.
Une dizaine de réglementations (PAC, règlements d’urbanisme, sites inscrits ou classés, parcs naturels, espèces protégées) régissent les possibilités d’intervention des agriculteurs sur les haies et interdisent l’arrachage dans de nombreuses situations. Ce que l’on prend parfois pour un arrachage est souvent une coupe à blanc qui est une forme de valorisation. Les agriculteurs posent souvent des panneaux pour expliquer leur intervention… En cas de doute, n’hésitez pas à dialoguer avec eux. Mais il arrive que ce soit la commune ou le gestionnaire des réseaux qui intervienne et sous-traite à des entreprises parfois peu qualifiées pour ces travaux.