Energie
Dernière mise à jour le 11 février 2025
La loi APER (Accélération de la production des énergies renouvelables) promulguée le 10 mars 2023 initie, entre autres, le développement du solaire photovoltaïque sur terres agricoles naturels et forestiers ainsi que l’agrivoltaïsme. Depuis le 8 avril 2024, nous en connaissons désormais les règles d’application par la parution du décret (n°2024-318) relatif à ces activités au journal officiel. Décryptage…
Si l’objectif est le même, à savoir produire de l’électricité à partir de l’énergie radiative du soleil, la définition de ces deux moyens ne l’est pas.
L’agrivoltaïsme peut être développé sur une terre agricole en production et doit expressément assurer un service (détaillé ci-après) à la production se situant en dessous.
Le photovoltaïque compatible quant à lui, doit être installé sur un sol réputé inculte soit au regard de ses caractéristiques topographiques, pédologiques, climatiques ou à la suite d’une décision administrative, soit n’étant pas une forêt à forts enjeux de stock de carbone, de biodiversité et de paysages ou de production sylvicole, ou encore un sol non exploité depuis plus de dix ans. Un document cadre identifiant ces parcelles "PV compatible" doit être réalisé par les Chambres d’agriculture dans les neuf mois.
L’agrivoltaïsme s’apprécie au travers de nombreux critères dont les principaux sont :
Pour la production sous serres, les comparaisons seront réalisées selon un référentiel local basé sur les résultats agronomiques et des séries de données historiques locales. Pour les projets en élevage, le caractère significatif de l’activité sera apprécié au regard de la production de biomasse fourragère, le taux de chargement ou le taux de productivité numérique.
En complément, le système devra apporter la garantie que la production agricole est l’activité principale. Cela se traduira par la satisfaction de deux conditions :
L’ouvrage agrivoltaïque aura une durée de vie maximale de 40 ans. Cette dernière pourra être prorogée de 10 ans lorsque l’installation présentera encore un rendement significatif. En outre, une batterie de suivis et contrôles est prévue par le législateur. Un premier contrôle sera mis en œuvre avant la mise en service de l’installation. Ensuite, selon la puissance de cette dernière, un suivi sera réalisé à 5 ans, 3 ans ou tous les ans. Les contrôles devront être réalisés par un organisme scientifique, un expert foncier et agricole, un institut technique ou une Chambre d’agriculture. Un rapport sera établi et transmis à l’autorité compétente en matière d’urbanisme.
Dès lors que le porteur de projet ne remplira pas les conditions de fourniture des données de suivi, de définition de l’agrivoltaïsme, il se verra notifier une mise en demeure de remettre à niveau l’installation. Dès lors que ce ne sera pas fait, il sera sanctionné financièrement. Si aucune évolution n’était entrevue, l’autorité compétente pourrait retirer l’autorisation d’exploiter pendant une période d’un an maximum. La sanction ultime sera le démantèlement de l’installation.
A ce titre, des garanties financières pourront être demandées au porteur dès la mise en œuvre du projet sous la forme d’une provision bloquée auprès de la Caisse des dépôts et consignations. Cette provision sera mobilisée pour le démontage jusqu’à la remise en état initial du site. Attention toutefois, si le porteur de projet faisait défaut à cette étape ou que la provision financière n’était pas suffisante, il sera demandé au propriétaire de l’assiette foncière de payer la différence.
Ainsi, si ce décret fixe les premiers critères sur la filière, l’arsenal réglementaire n’est pas encore complet. Il est attendu l’arrêté des technologies éprouvées qui permettra de compléter les éléments de définition.
Pour vous aider dans une meilleure compréhension du sujet agrivoltaïsme et afin de bien identifier ce que revêt son développement et les points de vigilance autour de ces projets, la Chambre d’agriculture Pays de la Loire proposera prochainement une formation sur ce thème.