Puits de carbone, protection contre vent et soleil, lutte contre l’érosion des sols, maintien des berges, réservoir de biodiversité… Les atouts du bocage sont nombreux, ce qui fait de son maintien un enjeu majeur pour les années à venir. Toutefois, et même s’il est un allié important des agriculteurs et un marqueur de nos paysages, l’entretien de ces haies et bosquets est une activité coûteuse, aussi bien en temps qu’en argent, et parfois dangereuse. Pour toutes ces raisons, nous observons depuis une quarantaine d’années, la dégradation progressive du bocage qui n’est plus entretenu.
C’est dans ce contexte qu’a été créée - sous l’impulsion de la Chambre d’agriculture des Pays de Loire - la Société Coopérative d’Intérêt Collectif Maine et Loire Bois Énergie (SCIC MLBE), avec le souhait de donner une nouvelle dynamique au bocage angevin, à travers la mise en place d’une filière bois énergie. Elle a pour mission de valoriser du bois déchiqueté produit localement, par des agriculteurs du département, auprès de chaufferies du Maine-et-Loire et de territoires limitrophes, tout en préservant la ressource et le maillage bocager.
La SCIC propose aux agriculteurs une solution complète de mobilisation et de valorisation de ce bois, en allant du conseil technique sur l’entretien de la haie, en passant par la phase d’organisation de la coupe et du broyage, jusqu’à l’achat et la vente de la plaquette bocagère et la livraison aux chaudières. Les agriculteurs peuvent alors bénéficier d’un système bien en place, avec des prestataires reconnus pour leur savoir-faire, garantissant une rentabilité optimale des chantiers.
Une filière d’avenir
La SCIC MLBE regroupe tous les acteurs de la filière bois déchiqueté, du fournisseur au client, en passant par les prestataires de services (coupe, broyage, stockage et transport). Tous étaient invités à l’Assemblée Générale qui s’est tenue le 14 février dernier. L’occasion de revenir sur les principaux chiffres de cette année 2022. La SCIC augmente chaque année les volumes vendus en chaufferie pour atteindre 16 000 tonnes de bois sur la saison 2021-2022 dont plus de 60 % provient d’exploitations agricoles.
Témoignage de Christian DUPONT (GAEC de la Coudraie – éleveur à Liré (49) et adhérent SCIC MLBE)
« J’ai un linéaire de 23 km de haie assez compliqué à entretenir sur des zones sensibles (zone NATURA 2000) et difficiles d’accès. Auparavant, je produisais un peu de bois bûche mais cette activité était marginale et chronophage. J’ai commencé à travailler avec la SCIC en 2016, pour intervenir sur des linéaires qui, faute de temps, n’avaient pas été entretenus, avec des branches qui tombaient dans les parcelles, sur les clôtures et les chemins.
Maintenant, en réalisant un chantier par an avec la SCIC, j’entretiens mes haies à temps et je n’ai plus ce souci. La SCIC organise l’ensemble du chantier en faisant intervenir des prestataires pour la coupe et le broyage. Ce fonctionnement me garantit une intervention soignée, et avec une rémunération significative à la clef, de 3000 à 5000 € selon les années et le type de linéaire entretenu. En 2016, j’étais le premier à travailler avec la SCIC dans le secteur, aujourd’hui mes voisins s’y mettent. »
Témoignage de Jean-Claude BLANVILLAIN (GAEC des Sources – éleveur (retraité) à Denée (49) et adhérent SCIC MLBE)
« L’exploitation dispose de 220 ha situés principalement sur des prairies inondables en vallée de Loire (zone NATURA 2000). Les haies dont une bonne partie se trouve en bord de cours d’eau, y tiennent un rôle majeur et emblématique. J’ai toujours voulu, et mes associés avec moi, entretenir ce patrimoine et éviter le vieillissement prématuré de ce maillage bocager. Par ailleurs, nous avons toujours eu ces objectifs de gestion et de production de bois sur les 30 km de haie de la ferme. Nous avons aussi planté plus de 2,5 km ces dix dernières années.
Nous avons donc contribué tout naturellement aux débuts de la SCIC, en 2012, car nous pensions important de trouver une valorisation au bocage. Si la mise en place d’un fonctionnement efficace n’a pas été facile au début, le système SCIC est aujourd’hui bien rôdé. Il nous permet de sécuriser nos chantiers et de trouver une réelle rentabilité dans l’entretien des haies puisque nous dégageons environ 10 000 € par an de chiffre d’affaires (NDLR : hors charges) grâce à la vente de ce bois.
De plus, avec la Chambre d’agriculture, nous avons élaboré un Plan de Gestion des Haies présentes sur la ferme. Il permet de suivre, année après année, l’exploitation de nos linéaires et d’encadrer chacune de nos interventions. La gestion durable que nous avons ainsi mise en place sur nos linéaires permet aussi de capter davantage de carbone sur l’exploitation, un des nombreux effets positifs de la haie. »
Informations et contact
Florent VILLEPELLÉ
Responsable filière bois énergie