« L’« agroforesterie », est l’art d’associer arbres et agriculture. L'agroforesterie ne permet pas seulement de préserver la biodiversité et de lutter contre le dérèglement climatique, estime Emmanuel TORQUEBIAU (Chercheur dans une tribune au « Monde » appuyé par neuf autres chercheurs) ».
Non, en effet, les agroforesteries prennent plusieurs formes et s’associent pour intégrer les paysages agricoles et rendre des services importants pour l’ensemble de la société. Ces aménités sont larges et bénéfiques à tous les acteurs du territoire. Elles le sont d’autant plus qu’elles sont adaptées aux besoins et aux systèmes qui les accueillent.
Il ne suffit pas de le planter pour que l’arbre rende ses services. Le bocage est un ensemble. Une bonne gestion des arbres et des haies doit être pensée à l’échelle du système d’exploitation au même titre que toute autre production. Il ne suffit pas de compter les kilomètres plantés ou les linéaires prévus mais également le nombre d’agriculteurs, de particuliers, de collectivités accompagnés sur le chemin de la gestion de l’arbre. Il est d’autant plus important de considérer le linéaire géré et toujours présent 10 ans après sa plantation. Oui, mais pourquoi ? Et comment ?
Haies et arbres : la multifonctionnalité par excellence
Les enjeux autour de l’arbre sont importants et dépassent le seul champ agricole. C’est pourquoi l’arbre est particulièrement encadré. Ces enjeux sont tels que l’on peut perdre beaucoup plus en les enlevant qu’en les maintenant. D’autant que, d’un point de vue technique, et dans un contexte de changement climatique, il y a tout intérêt à rechercher la multi-performance des arbres et des haies. Les atouts de l’arbre sont en effet nombreux. Ils constituent autant de leviers pouvant être privilégiés et activés en fonction de votre système d’exploitation et des objectifs que vous visez tant dans la conduite de votre élevage que de vos productions végétales :
- Action microclimatique : un maillage efficace attenue de 3 à 5° les écarts de températures en période caniculaire ou de grand froid et limite les pertes de production.
- Effet brise-vent : les haies peuvent réduire la vitesse du vent jusqu'à 60 %. Les haies jouent un rôle important dans la protection des cultures, du bétail, des bâtiments et des habitations.
- Fixation des sols : les arbres ont un pouvoir de régulation hydraulique important et améliorent la qualité de l’eau par la filtration. La lutte contre l’érosion est un enjeu fort. Les arbres agissent sur l'écoulement des eaux qui arrivent sur un bassin versant. Le ruissellement en est ralenti limitant ainsi l’érosion des sols et favorisant l’infiltration de l’eau en profondeur.
- Stockage de carbone : avec les prairies, les arbres et les haies sont les deux leviers les plus performants en matière de stockage à condition de les maintenir en place sur une longue période et ainsi participer à la lutte contre le réchauffement climatique.
- Biodiversité : associée à un ourlet herbeux, le bocage et les mares favorisent le maintien de millions d’insectes et plantes dont nous avons besoin au quotidien pour réduire l’utilisation de certains produits phytosanitaires. La lutte biologique constitue une méthode naturelle pour protéger les cultures.
- Pollinisateurs : la production agricole dépend en grande partie des pollinisateurs, les linéaires arborés apportent une réponse de protection et de complément alimentaire.
- Paysage, qualité de vie : activités de loisirs, identité du territoire sont des facteurs de promotion et d’attractivité… sans oublier le bien-être et la fierté de l’agriculteur dans un paysage avec des arbres. Une forte demande est ici exprimée par nos concitoyens avec une dimension sociétale qui se superpose à la dimension environnementale.
- Production durable de qualité : qu’il s’agisse de bois de construction, de piquets, de paillage ou de bois de chauffage, les productions sont significatives et renouvelables si une bonne gestion est mise en place. cela signifie valoriser les produits d’entretien de la haie.
Vers une stratégie autour de l’arbre
Pour garantir une gestion durable des haies et aussi continuer à les adapter aux besoins de production, il convient de prendre un peu de recul sur leur place au sein de l’exploitation. Quelles essences ? Pour quelle valorisation ? Quel besoin de renouvellement ? Quelle stratégie de plantation pour quel objectif ? Quels leviers favoriser au service de mes cultures ou de mes animaux ?
La plantation est plus qu’un linéaire, c’est un lien social où tous les acteurs du territoire y trouvent leur intérêt, C’est un atout également dans la résilience au changement climatique et une possible source de diversification.
Le service « Arbre et biodiversité » de la Chambre d’agriculture vous accompagne dans la définition de vos projets ainsi que dans le montage de vos demandes.