Cet entretien courant est souvent nécessaire mais ne suffit pas à assurer la pérennité des arbres : le bocage est souvent vieillissant et seule la régénération par l’exploitation du bois permettra de renouveler et de conforter les haies. Avec la nécessité de développer les énergies renouvelables le bois des haies peut trouver un regain d’intérêt comme énergie renouvelable et économiquement intéressante. Cependant ces phases d’exploitation (abattage) et de gestion courante doivent s’inscrire dans une démarche durable et intégrer à la fois les aspects économiques, environnementaux et sociaux.
Afin d’aider les agriculteurs dans cette démarche, il existe un outil que l’on appelle "plan de gestion durable des haies". Il leur apporte un état des lieux et de connaissance, de planification des travaux d’entretien et de valorisation des haies à l’échelle de leur exploitation. Il propose des travaux de gestion et potentiellement d’amélioration des haies existantes garantissant leur pérennité, voire leur développement. Ce diagnostic initial aide donc les exploitants à mettre en place une planification de la gestion durable de leur patrimoine arboré.
Ces plans de gestion qui sont le socle de base de la gestion durable peuvent permettre d’offrir des opportunités de valorisation supplémentaires aux exploitants : crédit carbone, paiements pour services environnementaux (PSE), certification du bois.
La méthode haies du Label Bas Carbone comptabilise les réductions d’émissions permises par l’augmentation du stockage du carbone dans les sols et la biomasse assurée par une gestion durable des haies bocagères des exploitations agricoles en France. Elle comprend la gestion des haies existantes, via des itinéraires de gestion adaptés aux objectifs de l’exploitants, ainsi que la plantation.
La gestion durable des haies peut également permettre de compenser les émissions de gaz à effets de serre d’entreprises locales, via les crédits carbone volontaires, tout en créant de nombreux bénéfices environnementaux. Ce sont les itinéraires inscrits au plan de gestion durable des haies qui donnent lieu à un calcul de stockage du carbone. L’ensemble des critères sont vérifiés par un organisme tiers indépendant.
La méthode haie du label bas carbone est donc un dispositif de valorisation des haies qui permet d’apporter une certification de gestion durable.
Témoignage de deux exploitants agricoles
Sarthe
"En Sarthe, valoriser les services offerts par les haies gérées durablement"
A Villeneuve-en-Perseigne, en Sarthe, au sein d’une zone Natura 2000, M. ROYER est éleveur de bovins allaitants. Les parcelles de son exploitation sont bordées de 20 km de haies pour une densité de 128 m/ha de SAU. Gérer un tel patrimoine arboré nécessite une organisation sur 15 ans qui est formulée dans le Plan de Gestion Durable des haies de la ferme. De fait, le vieillissement de son bocage nécessite la préservation des vieux arbres, abris de biodiversité, mais également le rajeunissement des haies. En effet, les arbres adultes sont rares. Ils ont été identifiés et seront menés soit en haut-jet, soit en têtard. De plus, le regarnissage des haies discontinues, ainsi que la régénération spontanée seront également privilégiés pour assurer l’avenir de ce maillage bocager.
L’amélioration de la qualité de ces haies permettra un stockage carbone additionnel. La certification Label Bas Carbone – Méthode Haies permet à cet éleveur de vendre son stockage carbone additionnel au Département de la Sarthe par l’intermédiaire de l’association SOLENAT. De plus, il bénéficie d’un accompagnement technique par la Chambre d’agriculture Pays de la Loire. En outre, M. ROYER fait partie d’un groupe composé de 4 éleveurs de son territoire qui valorisent les services offerts par leurs haies gérées durablement.
Maine-et-Loire
"Dans le Maine-et-Loire, a lieu sur le territoire de Mauges Communautés, un programme nommé "CarbôMauges". Celui-ci vise à améliorer la gestion des haies sur les exploitations volontaires, par la définition de bonnes pratiques d’entretien du bocage, afin de développer par la suite le stockage de carbone dans ces haies et éléments arborés. 6 candidats constituent le programme de cette année 2023.
La démarche consiste à relever l’intégralité des haies et arbres isolés des exploitations volontaires, à les caractériser selon leur typologie et à définir les travaux à y apporter.
L’objectif étant de favoriser à terme le stockage de carbone additionnel au sein de ces haies.
Dans cette zone du département, on peut notamment retrouver un mode d’entretien traditionnel de la haie "au carré", parfois accompagnée d’arbres têtards ou de hauts-jets.
En prenant cet exemple, la description de la haie apportée sera de "taillis sous futaie – têtards avec cépées d’arbustes taillés sur les trois faces".
L’objectif de gestion défini sera choisi à la suite d’une caractérisation très complète de la haie.
En se plaçant ici dans le cadre d’une haie mature avec des repousses de têtards d’une vingtaine d’années, les objectifs de l’agriculteur seront alors de reprendre ces têtards afin de mettre la haie en lumière, de sélectionner et d’élaguer les jeunes hauts-jets pouvant pousser naturellement dans la haie et d’arrêter la taille « au carré » au profit d’un entretien uniquement latéral.
Ainsi on passera d’arbustes sous têtards à une haie multistrate, comprenant à terme des hauts-jets, des têtards et des cépées d’arbres et d’arbustes en hauteur.
Le bénéfice sera à la fois positif en stockage de carbone, mais également en biodiversité et en multiplicité des essences présentes dans la haie. Le carbone stocké est ensuite calculé selon la typologie de chaque haie et les travaux prévus sur 5 ans. Un financement de ce carbone additionnel est alors prévu pour être contractualisé entre des entreprises du territoire et les 6 agriculteurs, par le biais de SOLENAT. L’objectif est ainsi double, d’une gestion affinée du bocage, et d’un apport financier pour les exploitations.
A ce jour, les 6 exploitants engagés se disent motivés par la gestion de leur linéaire de haies, mais manquent principalement de temps à y consacrer. Les questions du matériel adapté, du coût d’entretien et de la sécurité ressortent également. Tous sont preneurs d’un calendrier détaillé de travaux concrets à apporter sur leurs haies, se conjuguant en temps/matériel sur leurs exploitations."