Cette année, la récolte s'est faite dans des conditions marquées par une météo capricieuse, obligeant les agriculteurs à jongler entre l'humidité des sols et la maturité du maïs. La conception des silos et la gestion des transitions alimentaires constituent également des enjeux clés pour optimiser cette ressource dans l'alimentation animale.
Des conditions climatiques particulièrement humides
L'année 2024 n'a pas été de tout repos pour les agriculteurs.
D'abord, les conditions météorologiques qui ont joué un rôle crucial, avec des semis très échelonnés en raison d'un printemps humide, provoquant des retards dans certaines zones et même des resemis. Les précipitations estivales élevées, bien qu'essentielles pour le développement des épis l’été, ont posé des défis au moment de la récolte notamment en alourdissant les sols et en rendant l'accès aux parcelles plus complexe. De plus la maturité du maïs s’est avérée difficile à déterminer avec des taux de matières sèches qui évoluaient peu, liés à des tiges gorgées en eau, avec néanmoins des grains qui eux ont avancé en maturité.
Les éleveurs ont dû jongler avec ces conditions pour choisir la date optimale de récolte, afin de maximiser la valeur nutritionnelle du maïs tout en évitant les risques d'altération liés à une humidité excessive. La période idéale d'ensilage, souvent située entre mi-septembre et début octobre, a dû être ajustée en fonction des prévisions météorologiques, afin de profiter de fenêtres climatiques favorables à une récolte dans de bonnes conditions, les dernières dates connues sont programmées début novembre.
La conception des silos, un enjeu délicat
Rappelons que la conception des silos joue un rôle déterminant dans la conservation du fourrage tout autant que la longueur de coupe choisi pour ensiler, qui doit être ajustée en fonction de la matière sèche estimée.
Il est primordial que le silo soit bien compacté et hermétiquement fermé pour éviter toute entrée d'air. Les silos mal gérés peuvent entraîner des pertes de matière sèche et une diminution de la valeur énergétique du fourrage. Pour cette raison, une attention particulière est à apporter à l'étanchéité de la bâche de protection. Cette année avec un taux de matière sèche chez certains à tout juste 30%, les silos risquent de rencontrer des problèmes de conservation liés au processus de fermentation affecté par un maïs trop humide, car une teneur élevée en eau peut ralentir et rendre la fermentation incomplète, risquant de générer des acides organiques indésirables comme les butyriques. Sans compter sur les risques d’échauffement au front d’attaque ainsi qu’à l’auge. L’utilisation d’un conservateur adapté lors de l’ensilage permet d’atténuer ces phénomènes.
La gestion des transitions alimentaires
Tout d’abord, l’idéal est d’avoir un silo fermé au minimum 6 semaines puis d’introduire progressivement le nouveau maïs sur une période de 10 à 15 jours en l’associant à un fourrage déjà présent dans la ration, type ensilage de maïs N-1, ensilage d’herbe, enrubannage… . Avec des maïs 2024 normalement riches en amidon et peu élevés en matières sèches, l’enjeu va être de réussir à ralentir le transit par de la fibre dite de structure (type déshydraté, enrubannage, foin…), sans déconcentrer la part énergétique de la ration, d’où l’importance d’une analyse des différents fourrages pour ajuster au mieux les apports en concentrés. L’utilisation d’un produit tampon (type bicarbonate de soude, lithotamne…) pendant la transition, est fortement conseillé, car une transition trop rapide vers un ensilage riche en amidon, peut provoquer des troubles digestifs, voire des acidoses.
Pour finir, pensez à bien prendre en compte le taux de MS et la densité du silo pour déterminer le plus précisément les volumes de fourrages stockés, afin ne pas connaitre de mauvaise surprise avec des stocks qui peuvent fondre "comme neige au soleil", dû à des matières sèches faibles et des densités surestimées.