Agriculture biologique : le panorama des données nationales et Pays de la Loire 2023
Agriculture biologique
Dernière mise à jour le 24 juin 2024
Publié en juin 2024, le panorama des chiffres 2023 de l'agriculture bio en France montre une année de stagnation concernant les ventes de produits biologiques, tous circuits confondus. Détails.
Le 24 juin 2024
La filière bio, agriculture d'intérêt général, doit créer des débouchés pour accueillir les nouveaux producteurs
Côté consommation, le marché reste stable en valeur mais régresse en volume. Côté champs : les surfaces baissent de 2 % mais le nombre de producteurs augmente de 2 %.
Malgré la volonté de la part des consommateurs pour retrouver une offre de produits biologiques plus importante, la restauration hors domicile, publique comme privée ne décolle pas et ne prend pas encore suffisamment le relais d’une consommation à domicile en net retrait depuis 3 ans maintenant.
Ces débouchés sont pourtant nécessaires à l’accueil des candidats au bio côté agricole, afin de garantir le renouvellement des générations et de façonner aujourd’hui ce que nous produirons demain. Parmi les points positifs à retenir : la croissance de la vente directe (+ 9 %), l’inflation moindre en bio, les nouveaux producteurs prouvant l’attractivité de la filière dans le métier agricole, la reprise du bio à l’international, une souveraineté alimentaire bio forte. Autant de signes qui montrent l’adéquation du label avec les aspirations sociétales.
Pas d'effondrement du marché bio en France en 2023 : des raisons d’espérer un retour à la croissance
Avec 12 Mrds € TTC, le marché bio français reste sur le podium européen derrière l’Allemagne avec une évolution stable en valeur mais en régression volume de 7 %.
Où s'achète le bio ? Où se consomme-t-il ?
Le circuit de la grande distribution reste le circuit principal en termes de volume mais ne semble plus représenter désormais un avenir porteur pour ce secteur. En effet, avec une croissance de - 3.8 % en valeur en 2023 soit 240 M € en moins par rapport à 2022, consécutive à une réduction drastique de l’offre (- 11,7 % source circana) et un démantèlement des espaces dédiés aux produits biologiques dans les magasins hyper et super, les 5 enseignes majeures (Leclerc, ITM, Carrefour, AUCHAN, Système U) sont à la traine et laissent le champ libre aux autres canaux de distribution de se réorganiser et gagner en performance.
Dans le détail, quelque-soit les catégories de produits, la GMS (grande et moyenne surface) régresse fortement en cumul annuel mobile janvier 2023-janvier 2024 (CAM P1), régression constatée aussi en ce début d’année. En hard discount, la seule catégorie alimentaire Bio qui progresse en 2023 est le rayon surgelé.
Par contre, nous observons une évolution positive du circuit spécialisé bio qui a retrouvé des couleurs en 2023 avec une progression au CAM P1 (+ 2.2 % source circana soit + 70 M € de chiffre d’affaire) sur l’ensemble des catégories alimentaires. Cette progression se poursuit également en ce début d’année. (sources Circana Bioanalytics)
Ce circuit semble se stabiliser à son niveau de 2017 avec 2 828 magasins spécialisés, le niveau de surface commerciale ne réduit pas : les espaces sont donc moins nombreux, mais plus grands.
Bio dans les assiettes : la bonne dynamique des produits bio local en vente directe
Alors que l’inflation a comme conséquence le recul des dépenses alimentaires des Français de 4,7 %, soit 180 milliards d’euros, la part du bio diminue dans le panier des Français, passant à 5,6 % en 2023, contre 6 % en 2022. Pourtant, les produits bio ont été moins impactés par l’inflation : 8 % contre 12 % pour les produits non bio soit 4 points de moins en bio.
A l’exception de la grande distribution, tous les circuits de vente sont en croissance. En particulier, la vente directe croit de 9 % et pèse désormais 14 % des ventes. Les nouveaux producteurs bio ne s’y trompent pas et sont 60 % à d’emblée pratiquer la vente directe (versus 43 % en bio et 19 % en moyenne nationale), et pour capter une clientèle réceptive au local de saison et accessible.
Côté champs : 2 % de surfaces en moins, 2 % de producteurs en plus
Le solde en producteurs est positif avec 2 % de nouveaux producteurs bio. Les producteurs sont 7 % à rentrer dans le bio cette année, versus 5 % de sortants. Ce taux reste stable et prend le contrepied des propos parfois alarmistes sur la crise du bio.
Le paysage agricole évolue avec davantage d’exploitations plus petites : ces 2 % de producteurs en plus s’accompagnent d’une baisse des surfaces bio de 2 % représentant 54 000 hectares en moins, essentiellement dû au recul des surfaces fourragères (qui représentent 58 % des surfaces bio en France) et des grandes cultures (27 %). Le bio passe de 10,5 à 10,4 % des surfaces agricoles françaises. Les cheptels bio sont en recul à l’exception des brebis à viande et des ruches.
En 2023, l’ensemble des régions connait une baisse de leurs surfaces conduites en bio, conséquence du recul des entrées en conversions des deux dernières années. Pour les Pays de la Loire, le cumul surface bio + surface en conversion donne une surface équivalente à 2022 à 259.950 ha, contre 259.925 ha en 2022. (source Orab Agence Bio)
Le bio toujours attractif pour les porteurs de projet à l’installation
Le mode de production biologique est garant de l’attractivité de l’emploi agricole afin de remplacer les 100 000 départs à la retraite prévus dans les 10 ans. 40 % des projets d’installation sur les points d’accueil des chambres d’agriculture se fait en bio, il est donc vital d’accueillir ces nouveaux talents et leurs garantir des débouchés, que ce soit en consommation à domicile ou hors-domicile.
Le bio pour servir l’avenir : la souveraineté alimentaire
L’Agence BIO rappelle que 71 % du bio consommé dans l’Hexagone est d’origine France. Le recul des imports bio se confirme. Ceux-ci restent composés à 75 % de produits exotiques (fruits, café, thé, sucre, crevettes…), méditerranéens ou nordiques. Avec 2,8 millions d’hectares en surfaces de production bio émancipées des importations d’engrais azotés car le règlement européen bio les interdit, les filières bios renforcent l’autonomie de la France en fertilisation. Également, les 30 à 70 % de rations locales du règlement renforcent l’autonomie protéique des élevages, faisant de la filière bio une contributrice à la souveraineté alimentaire française. Pas une année à sabrer le champagne, mais une double fierté à célébrer.
La France reste la première surface cultivée en bio d’Europe et le premier vignoble bio mondial.
Cette année, Reims a accueilli la conférence de presse pour mettre en lumière une filière en croissance et qui réalise plus de 60 % de son chiffre d’affaires à l’export. Dotée d’une AOC depuis près d’un siècle et en développement en bio, la filière vin de champagne est l’incarnation du terroir et du savoir-faire à la française. Si le vignoble français est à 22 % cultivé en bio, le Champagne, lui est à 8 % et s’attelle à rattraper cette moyenne, grâce à l’attractivité du label bio sur les marchés internationaux.