Pas de quoi rassurer les éleveurs ligériens, qui ont vu cette sortie d’hiver 2021 historiquement déficitaire en précipitations. En effet, la moyenne des précipitations régionale du mois de mars accuse un déficit de 66 % par rapport à une moyenne 1990-2020 !
Devant cette situation, un déficit de fourrages plus tard dans la saison est à prévoir, d’autant qu’en ce début de printemps, la baisse des températures récente n’a pas été favorable à la pousse de L’herbe. Il convient alors d’anticiper ce défaut de stocks, et le cas échéant d’actionner des leviers permettant de mieux gérer les périodes à venir.
Faire un bilan fourrager, pour savoir où en sont les stocks
Tout d’abord, la réalisation d’un bilan fourrager semble être une étape préliminaire à ne pas négliger. Evaluer le niveau de stock en grange, mais aussi les jours d’avance sur pied permet d’avoir une vision plus claire sur la situation de l’atelier. En deçà d’un stock équivalent à 30 % des besoins fourragers annuels, un niveau d’alerte doit être enclenché et des solutions immédiates peuvent être mises en place.
La vente des animaux improductifs et l’anticipation des réformes est un premier levier actionnable : elle permet de s’assurer d’une baisse des besoins en fourrages si la situation ne s’améliore pas.
Anticiper les achats et éviter le surpâturage
Ensuite, préférer la constitution de stocks, y compris par l’achat, plutôt que le surpâturage peut également s’avérer être un pari gagnant. L’impact dès aujourd’hui sur la trésorerie en cas d’achat sera toujours plus faible que si l’achat doit s’effectuer en entrée d’hiver à une période où le marché est généralement plus tendu. Ce sera également moins handicapant qu’une dégradation des prairies par des temps de retour au pâturage raccourcis, qui peuvent fortement compromettre la constitution du stock fourrager pour l’hiver à venir.
Semer des associations moins sensibles au stress hydrique dès à présent
Enfin, à l’époque des dates charnières de semis, l’association d’espèces comme le moha et trèfle d’Alexandrie, espèces moins sensibles au déficit hydrique que le Ray-grass, peuvent être envisagées.
"Ce qu’avril a fait, mai le défait" : ce célèbre dicton, couramment associé aux gelées tardives des Saints des Glace, pourrait inciter à l’optimisme en l’appliquant au déficit pluviométrique. Avec une moyenne pluviométrique régionale (période 1990-2020) de 64,6 mm sur le mois de mai, la situation pourrait en effet revenir à une situation plus confortable, mais les souvenirs des étés 2018 et 2019 combinés à la moyenne régionale des précipitations reçues en mai sur les 3 dernières années (40 mm sur la période 2018-2020) doivent plus qu’ inviter à la prudence.
Dans un contexte de changement climatique où des épisodes climatiques exceptionnels comme celui-ci s’annoncent de plus en plus fréquents, renforcer la résilience des exploitations face à ce genre d’aléas s’avère comme évidence, si ce n’est une nécessité.