La délégation a visité deux sites pilotes : un en grandes cultures et l’autre en viticulture. Le pilote en grandes cultures installée dans les Landes s’inscrit dans le cadre du projet Terr’Arbouts avec le développeur GLHD et porte sur 700 ha de panneaux photovoltaïques.
À l’origine du projet : la demande adressée par la collectivité aux 35 exploitations agricoles du territoire d’arrêter les traitements herbicides en 2026 pour répondre à une problématique de qualité de l’eau (S-métolachlor). Après 4 ans de réflexion et de concertation avec l’ensemble des acteurs du territoire, le projet Terr’Arbouts verra le jour en 2026 et devra répondre à trois objectifs : restaurer une eau de qualité, maintenir une activité agricole dynamique et transmissible et créer de la valeur ajoutée.
Au-delà des chiffres qui donnent le tournis, c’est la philosophie portée par les agriculteurs qui marque les esprits. Les 35 exploitations agricoles seront impactées par l’arrêt des traitements herbicides et donc par la perte de revenu… Mais n’auront pas toutes des panneaux sur leurs parcelles. L’originalité de la démarche réside dans la mutualisation des revenus issus de la production d’énergie. Pour que le projet fonctionne, il a fallu imaginer de nouvelles manières de travailler : arrêt de la production de maïs, développement de nouvelles cultures (tournesol, caméline, chia, lin…) dont la production est contractualisée avec des entreprises du territoire, embauche d’un chef de culture pour gérer l’assolement et les interventions, création d’une structure de mutualisation des revenus de la production d’énergie…
Vérifier la synergie entre les productions
L’agrivoltaïsme est une synergie entre la production agricole et la production électrique. Au-delà de l’aspect réglementaire et la nécessaire vérification de la réalité de la production agricole, la question reste de savoir les effets des panneaux sur les cultures présentes dessous. Et les données sont encore rares. D’où la mise en place de pilote dans plusieurs régions de France. Le pilote adossé au projet Terr’Arbouts permet de comparer trois configurations, à itinéraire technique identique (intégrant l’irrigation en micro-aspersion) : sans panneau, avec panneaux/hauteur de pieux à 2,5m, avec panneau/hauteur de pieux à 1,7m. Mis en service récemment, le pilote permet de collecter des données quant aux paramètres climatiques, à l’état de la plante… Il est toutefois nécessaire d’attendre avant de disposer de suffisamment de données pour en tirer des conclusions.
C’est d’ailleurs également le cas pour le pilote Vitisolar, installé par EDF Renouvelables sur le site de l’Inrae en périphérie de Bordeaux, en partenariat avec Ampex (ArcelorMittal Exosun), Inrae, l’Université de Bordeaux, la Chambre d’agriculture de la Gironde ainsi que la FRCuma. D’ici 2026, le pilote permettra d’analyser la compatibilité de la structure photovoltaïque avec la vigne, en étudiant les bénéfices d’une structure qui abriterait la vigne en cas d’intempéries ou lors d’épisodes de sécheresse, la santé de la plante (croissance, besoin en eau, maladies), dans le respect des pratiques agricoles (ex : utilisation d’engins agricoles) et de la biodiversité.
Une opportunité pour l’élevage ?
Si les pilotes visités portaient sur les grandes cultures, il n’en demeure pas moins que l’agrivoltaïsme concerne aussi l’élevage. Dans une région d’élevage telle que les Pays de la Loire, le séjour a été également l’occasion d’échanger avec Timothé DEGRACE, directeur de projet à l’agence EDF Renouvelables de Nantes, sur le potentiel et les conditions de son développement. Pour EDF Renouvelables, c’est même une opportunité au regard de l’enjeu à maintenir l’élevage dans notre région.
Michaël SONET, FRSEA Pays de la Loire
François BEAUPÈRE, président de la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire
L’agriculture est une source de solutions face au défi climatique. L’agrivoltaïsme fait partie de ces solutions en devenir et pleines de promesses. Mais nous avons deux points de vigilance. Tout d’abord, le risque de l’agriculture alibi. La loi d’accélération des énergies renouvelables et ses textes d’application doit apporter un cadre permettant de s’assurer de la réalité de la production agricole. Le second point de vigilance, c’est la nécessité pour nous, agriculteurs, d’être rassurés que la synergie entre production agricole et production d’énergie est effective. Dit autrement : la présence de panneaux photovoltaïque ne doit pas nuire à la production agricole qui est en-dessous. C’est tout l’intérêt de ce voyage d’étude que nous avons co-organisé avec EDF Pays de la Loire.
Le pilote Vitisolar permet d’analyser la compatibilité de la structure photovoltaïque avec la vigne, en étudiant les bénéfices en cas d’épisodes climatiques extrêmes et les paramètres de santé de la plante.
Olivier CARON, Chargé de mission transition énergétique, EDF Pays de la Loire
EDF Renouvables investit depuis plusieurs années dans la recherche aux côtés d’experts en agronomie et des professionnels du monde agricole afin que les centrales agrivoltaïques répondent pleinement aux enjeux agricoles. Grâce à des démonstrateurs en France : les Renardières (cultures), Adeli (rizière), Vitisolar (Vignes), EVAPORE (pommiers) et ICONE (pâture Bovine), EDF réalise des études sur les effets des panneaux photovoltaïques sur différentes cultures ou élevage. Cette approche expérimentale est un gage de crédibilité auprès du monde agricole. Les réflexions, les collaborations et les retours d’expérience de ces démonstrateurs permettent d’identifier les cultures et les technologies les plus adaptées, tant sur le plan agronomique qu’environnemental et économique. La richesse des échanges a permis de comprendre les enjeux de chacun et de s’engager dans un dialogue constructif.