Cela passe, en premier lieu, par un bon choix d’espèces pour avoir déjà amélioré la valeur des fourrages. Cela se fait au choix des espèces à semer, ce qui est désormais fait. Petit rappel : les légumineuses pérennes sont déjà naturellement environ 2 fois plus riches en MAT que les graminées.
Ensuite la valeur alimentaire des plantes évolue en fonction du stade. Les graminées, entre avant l’épiaison et la floraison, perdent en MAT environ la moitié de leur valeur. Sur cette évolution, les légumineuses en perdent environ le tiers.
Le meilleur compromis valeur/rendement se situe au début épiaison pour les graminées et au début bourgeonnement pour les légumineuses.
Si l’on veut plus de valeur, on fera plus tôt en stade. Et si en revanche, on veut plus de rendement on fauchera plus tard (cf. photo ci-contre). Faire une bonne fauche commence par se faire lorsque le fourrage est sec de l’humidité extérieur (rosée ou pluie). Il est souhaitable de garder une hauteur de 6 cm sous la coupe pour plusieurs raisons. Tout d’abord, cela permet de ne pas mettre le fourrage en contact avec le sol, on évite ainsi la terre et la reprise d’humidité trop importante la nuit. Ensuite, la circulation de l’air, entre le sol et le fourrage, va contribuer à accélérer le séchage. Afin de se donner les moyens d’avoir plus de sucre, il est préférable de faucher l’après-midi afin que la photosynthèse ait permis l’augmentation de la présence des sucres dans les feuilles. Cela améliore la valeur énergétique et plus de sucre améliore aussi la conservation. Enfin, laisser 6 cm garantit une repousse rapide de la végétation pour les plantes pérennes. On évite aussi de mettre des cailloux dans les andains.
Un taux de matière sèche élevé est un des facteurs essentiels de la récolte de qualité. Globalement, plus ce taux est élevé, plus l’ingestion est facilitée. Attention, au-delà de 70 %, la conservation est très délicate. Pour le taux de MS, on visera autour de 40 % et 65 % pour de l’enrubannage. Le séchage est le plus rapide dans les premières 24 heures après la fauche. Il faut le faire monter rapidement car, tant qu’il reste de l’eau, la plante vit sur ses réserves et donc consomme de la valeur alimentaire. Pour cela, il est préférable de faucher à plat pour étendre au maximum le fourrage. De même, il faut le faner 1 à 2 heures après la fauche pour accélérer le séchage. L’usage du conditionneur est à réserver pour les fourrages difficiles à faire sécher. Bien l’évaluer au champ à la main est indispensable pour garantir la conservation (cf. tableauci-dessous).
TAUX MS | HUMIDITÉ À LA MAIN |
20 % | du jus en pressant le fourrage |
25 % | du jus essorant |
30 % | en essorant quelques gouttes |
35 % | en essorant un peu l'humidité |
40 % | plus de traces humides |
Pour une bonne conservation, il est important de veiller au bon tassage pour chasser au maximum l’air contenu dans le fourrage. Ensuite, une bonne herméticité du stockage va éviter l’entrée d’air. Une fois le stockage fermé, le fourrage va consommer le restant d’oxygène dans le fourrage et déclenchera une fermentation anaérobie qui fera chuter le PH rapidement et c’est ce procédé qui garantit une bonne conservation. Pour une bonne transition, on l’ouvrira au bout de 4-6 semaines quand les fermentations seront bien stabilisées. Pour l’enrubannage, il est préférable de le mettre à sa place de stockage dans les 48 heures après le filmage car ensuite la botte se déformerait et serait susceptible de faire des entrées d’air. L’usage de conservateur n’est pas indispensable, si les conditions d’une bonne récolte sont réunies, il peut être utile si ce n’est pas le cas. Pour une bonne valorisation de l’ensilage par les animaux, il est préférable de faire le silo par couche afin d’avoir le même silo du début jusqu’à la fin et ainsi limiter les effets de transition au fil de la consommation du silo.
Cette succession d’étapes est le gage d’une récolte de valeur pour améliorer l’efficacité alimentaire. Cette stratégie s’applique tout au fil de l’année pour toutes les récoltes et c’est l’assemblage qui donnera la possibilité de faire au mieux les performances animales attendues avec un coût maitrisé.
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