Le principe
Le principe est relativement simple, il s’agit de laisser s’accumuler de l’herbe sur des parcelles lorsque la croissance est supérieure aux besoins des animaux, en mai-juin, pour la consommer plus tard lorsque la pousse de l’herbe deviendra inférieure à la consommation des animaux. Cependant, c’est une technique qui n’est pas adaptée à toutes les exploitations ! On cherchera en priorité à faire pâturer au maximum pendant la pousse. La constitution de stock sur pied est donc réservée aux élevages herbagers ayant suffisamment de surface de pâturage !
Adapté aux élevages herbagers avec au minimum 35 - 40 ares d’herbe/UGB
La réalisation de stocks sur pied est possible en élevages allaitants et laitiers ayant au minimum 35 - 40 ares d’herbe par UGB. Il est adapté à des animaux à besoins modérés, pour lesquels le fourrage pâturé sera au moins aussi bon que le foin qui aurait pu en être fait : génisses, vaches ou brebis gestantes, boeufs... Il est aussi possible avec des vaches ou chèvres laitières en adaptant la complémentation au niveau de production.
Choisir des parcelles profondes riches en légumineuses
Le choix des parcelles est primordial pour les stocks sur pied : on va chercher à maintenir une valeur alimentaire correcte. Pour cela, on choisira des parcelles riches en légumineuses. Heureusement, nous observons cette année beaucoup de trèfles dans nos prairies ligériennes, il ne restera qu’à choisir les prairies avec la bonne réserve utile ! En décalant le pâturage, le stade des graminées avance et elles perdent en valeur alimentaire. Pour limiter cette baisse de valeur, privilégier des prairies riches en légumineuses (40 à 50%), qui contribuent fortement à la biomasse en été. Certaines légumineuses conservent leur valeur alimentaire plus longtemps que d’autres : même au stade floraison le trèfle blanc est proche d’1 UFL. On préfèrera des mélanges multiespèces à base de graminées non remontantes telles que le dactyle, la fétuque élevée, la fléole. Attention à la remontaison de certaines variétés de ray gras anglais.
La prairie étant pâturée à l’été, en période chaude avec un potentiel stress hydrique selon les aléas météorologiques, on choisira des parcelles avec une réserve en eau qui permette un prolongement de la croissance en début d’été. Dans les parcelles superficielles de moins de 20 cm de profondeur, sableuses, ou très caillouteuses, l’herbe risque dedessécher rapidement les jours de forte chaleur.
Eviter les parcelles infestées de rumex ou chardons, car le temps de repousse important leur permettrait de grainer !
En pratique :
- Avoir coupé une majorité des épis par la fauche ou le pâturage. Les stocks sur pied sont idéalement constitués après un pâturage ou une fauche précoce en mai.
- Avoir accumulé suffisamment d’herbe sur les parcelles en remontant tranquillement la hauteur de pâturage ou en allant dans une parcelle plus haute pour laisser le reste monter : début juillet, disposer d’au moins 30 jours d’avance au pâturage, voire 40 jours en zone plus séchante.
- Utiliser un fil avant pour éviter le gaspillage d’herbe du fait des hauteurs d’herbe importantes, souvent supérieures à 15 cm.
- Utiliser aussi un fil arrière si les animaux y passent plus d’une semaine ! Laisser piétiner les animaux pendant 3 semaines pour revenir boire en entrée de parcelle va fatiguer la parcelle en été, c’est la saison la plus éprouvante pour les prairies et donc un facteur majeur de dégradation des prairies. Cela implique de déplacer l’abreuvoir ou de créer un couloir temporaire sur les grandes parcelles.
- Eviter de dépasser 60 jours de temps de repousse (50 jours en RGA-trèfle blanc).
- S’adapter à la proportion de trèfle : c’est lui qui maintient la valeur de la prairie. Si le taux est faible (moins de 40 %), exploiter la parcelle plus tôt ou la réserver aux animaux à besoins modérés.
- Garder la hauteur de sortie habituelle pour faciliter la repousse si par opportunité il y a (6 - 7 cm)
Anne-Sophie MASSON, conseillère prairies, Chambre d’agriculture des Pays de la Loire